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citer[1] à table dans un festin, où la mémoire venant à lui manquer, il a la confusion de demeurer court. Une autre fois il apprend de son propre fils les évolutions qu’il faut faire dans les rangs à droite ou à gauche, le maniement des armes, et quel est l’usage à la guerre de la lance et du bouclier. S’il monte un cheval que l’on lui a prêté, il le presse de l’éperon, veut le manier, et lui faisant faire des voltes ou des caracoles, il tombe lourdement, et se casse la tête. On le voit tantôt pour s’exercer au javelot le lancer tout un jour contre l’homme de bois[2], tantôt tirer de l’arc et disputer avec son valet lequel des deux donnera mieux dans un blanc avec des flèches, vouloir d’abord apprendre de lui, se mettre ensuite à l’instruire et à le corriger, comme s’il était le plus

  1. Voyez le chapitre de la Brutalité.
  2. Une grande statue de bois qui était dans le lieu des exercices pour apprendre à darder.