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pour éviter un écueil, il l’interroge, il lui demande avec inquiétude s’il ne croit pas s’être écarté de sa route, s’il tient toujours la haute mer, et si les Dieux sont propices[1]. Après cela il se met à raconter une vision qu’il a eue pendant la nuit dont il est encore tout épouvanté, et qu’il prend pour un mauvais présage ; Ensuite ses frayeurs venant à croître, il se déshabille et ôte jusques à sa chemise pour pouvoir mieux se sauver à la nage, et après cette précaution, il ne laisse pas de prier les Nautoniers de le mettre à terre. Que si cet homme faible dans une expédition militaire où il s’est engagé entend dire que les ennemis sont proches, il appelle ses compa-

    qui passaient pour impies, et ils se faisaient initier avant de partir, c’est-à-dire instruire des mystères de quelque divinité, pour se la rendre propice dans leurs voyages. Voyez le chapitre de la Superstition.

  1. Ils consultaient les Dieux par les sacrifices, ou par les augures, c’est-à-dire, par le vol, le chant, et le manger des oiseaux, et encore par les entrailles des bêtes.