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mis tels transports[1] de bois qu’il lui plairait sans payer de tribut, pour éviter néanmoins l’envie du peuple, il n’a point voulu user de ce privilège. Il ajoute que pendant une grande cherté de vivres il a distribué aux pauvres citoyens d’Athènes jusqu’à la somme de cinq talents[2] ; et s’il parle à des gens qu’il ne connaît point, et dont il n’est pas mieux connu, il leur fait prendre des jetons, compter le nombre de ceux à qui il a fait ces largesses ; et quoiqu’il monte à plus de six cents personnes, il leur donne à tous des noms convenables ; et après avoir supputé les sommes particulières qu’il a données à chacun d’eux,

  1. Parce que les Pins, les Sapins, les Cyprès, et tout autre bois propre à construire des vaisseaux étaient rares dans le pays Attique, l’on n’en permettait le transport en d’autres pays, qu’en payant un fort gros tribut.
  2. Un talent Attique dont il s’agit, valait soixante mines Attiques ; une mine cent drachmes ; une drachme six oboles.

    Le talent Attique valait quelque six cents écus de notre monnaie.