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De la sotte Vanité.



LA sotte vanité semble être une passion inquiète de se faire valoir par les plus petites choses, ou de chercher dans les sujets les plus frivoles du nom et de la distinction. Ainsi un homme vain, s’il se trouve à un repas, affecte toujours de s’asseoir proche de celui qui l’a convié : il consacre à Apollon la chevelure d’un fils qui lui vient de naître ; et dès qu’il est parvenu à l’âge de puberté, il le conduit[1] lui-même à Delphes, lui coupe les che-

  1. Le peuple d’Athènes ou les personnes plus modestes se contentaient d’assembler leurs parents, de couper en leur présence les cheveux de leur fils parvenu à l’âge de puberté, et de les consacrer ensuite à Hercule, ou à quelque autre Divinité qui avait un Temple dans la ville.