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des malédictions. Il ne daigne pas attendre personne, et si l’on diffère un moment à se rendre au lieu dont l’on est convenu avec lui il se retire. Il se distingue toujours par une grande singularité ; il ne veut ni chanter à son tour, ni réciter[1] dans un repas, ni même danser avec les autres. En un mot on ne le voit guère dans les Temples importuner les Dieux, et leur faire des vœux ou des sacrifices.




De la Superstition.



LA superstition semble n’être autre chose qu’une crainte mal réglée de la Divinité. Un homme superstitieux après avoir lavé ses mains, et s’être purifié avec de l’eau lustrale[2], sort du Temple, et se promène une grande partie du jour

  1. Les Grecs récitaient à table quelques beaux endroits de leurs Poètes, et dansaient ensemble après le repas.
    Voyez le chapitre du contre-temps.
  2. Une eau où l’on avait éteint un tison ar-