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marchande, qu’y trouvez-vous à dire ? Il se moque de la piété de ceux qui envoient leurs offrandes dans les temples aux jours d’une grande célébrité ; si leurs prières, dit-il, vont jusques aux Dieux, et s’ils en obtiennent les biens qu’ils souhaitent, l’on peut dire qu’ils les ont bien payés, et qu’ils ne leur sont pas donnés pour rien. Il est inexorable à celui qui sans dessein l’aura poussé légèrement, ou lui aura marché sur le pied, c’est une faute qu’il ne pardonne pas. La première chose qu’il dit à un ami qui lui emprunte quelque argent, c’est qu’il ne lui en prêtera point ; il va le trouver ensuite, et le lui donne de mauvaise grâce, ajoutant qu’il le compte perdu. Il ne lui arrive jamais de se heurter à une pierre qu’i|l rencontre en son chemin sans lui donner de gran-