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qu’il rencontre ce qu’il vient d’acheter, il les convie en riant d’en venir manger. On le voit s’arrêter devant la boutique d’un Barbier ou d’un Parfumeur, et là[1] annoncer qu’il va faire un grand repas et s’enivrer. Si quelquefois il vend du vin, il le fait mêler pour ses amis comme pour les autres sans distinction. Il ne permet pas à ses enfants d’aller à l’Amphithéâtre avant que les jeux soient commencés, et lorsque l’on paye pour être placé, mais seulement sur la fin du spectacle, et quand l’Architecte[2] néglige les places et les donne pour rien. Étant envoyé avec quelques autres citoyens en ambassade, il laisse chez soi la somme que le public lui a donnée pour faire les frais de son voyage, et emprunte de l’argent de ses Collègues ; sa coutume alors est

  1. Il y avait des gens fainéants et désoccupés qui s’assemblaient dans leurs boutiques.
  2. L’Architecte qui avait bâti l’Amphithéâtre, et à qui la République donnait le louage des places en payement.