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pour leur louer des places au théâtre, il trouve le secret d’avoir sa part franche du spectacle, et d’y envoyer le lendemain ses enfants et leur Précepteur. Tout lui fait envie, il veut profiter des bons marchés, et demande hardiment au premier venu une chose qu’il ne vient que d’acheter ; se trouve-t-il dans une maison étrangère, il emprunte jusqu’à l’orge et à la paille, encore faut-il que celui qui les lui prête, fasse les frais de les faire porter chez lui. Cet effronté en un mot entre sans payer dans un bain public, et là en présence du baigneur qui crie inutilement contre lui, prenant le premier vase qu’il rencontre, il le plonge dans une cuve d’airain qui est remplie d’eau, se la[1] répand sur tout le corps ; me voilà lavé, ajoute-t-il, autant que j’en ai

  1. Les plus pauvres se lavaient ainsi pour payer moins.