Page:La Bruyère - Les Caractères, Michallet, 1688.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le monde, il appelle son valet qu’il veut encore nourrir aux dépens de son hôte, et lui coupant un morceau de viande qu’il met sur un quartier de pain, tenez, mon ami, lui dit-il, faites bonne chère. Il va lui-même au marché acheter[1] des viandes cuites, et avant que de convenir du prix, pour avoir une meilleure composition du marchand, il lui fait ressouvenir qu’il lui a autrefois rendu service ; il fait ensuite peser ces viandes, et il en entasse le plus qu’il peut ; s’il en est empêché par celui qui les lui vend, il jette du moins quelque os dans la balance : si elle peut tout contenir, il est satisfait, sinon il ramasse sur la table des morceaux de rebut comme pour se dédommager, sourit et s’en va. Une autre fois sur l’argent qu’il aura reçu de quelques étrangers

  1. Comme le menu peuple, qui achetait son souper chez les Charcutiers.