toutes leurs fêtes, ne sortent pas du Louvre ou du Château, où ils marchent et agissent comme chez eux et dans leur domestique, semblent se multiplier en mille endroits, et sont toujours les premiers visages qui frappent les nouveaux venus à une cour ; ils embrassent, ils sont embrassés ; ils rient, ils éclatent, ils sont plaisants, ils font des contes : personnes commodes, agréables, riches, qui prêtent, et qui sont sans conséquence.
I9 (V)
Ne croirait-on pas de Cimon et de Clitandre qu’ils sont seuls chargés des détails de tout l’Etat, et que seuls aussi ils en doivent répondre ? L’un a du moins les affaires de terre, et l’autre les maritimes. Qui pourrait les représenter exprimerait l’empressement, l’inquiétude, la curiosité, l’activité, saurait peindre le mouvement. On ne les a jamais vus assis, jamais fixes et arrêtés : qui même les a vus marcher ? on les voit courir, parler en courant, et vous interroger sans attendre de réponse. Ils ne viennent d’aucun endroit, ils ne vont nulle part : ils passent et ils repassent. Ne les retardez pas dans leur course précipitée, vous démonteriez leur machine ; ne leur faites pas de questions, ou donnez-leur du moins le temps de respirer et de se ressouvenir qu’ils n’ont nulle affaire, qu’ils peuvent demeurer avec vous et longtemps, vous suivre même où il vous plaira de les emmener. Ils ne sont pas les Satellites de Jupiter, je veux dire ceux qui pressent et qui entourent le prince, mais ils l’annoncent et le précèdent ; ils se lancent impétueusement dans la foule des courtisans ; tout ce qui se trouve sur leur passage est en péril. Leur profession est d’être vus et revus, et ils ne se couchent jamais sans s’être acquittés d’un emploi si sérieux, et si utile à la république. Ils sont au reste instruits à fond de toutes les nouvelles indifférentes, et ils savent à la cour tout ce que l’on peut y ignorer ; il ne leur manque aucun des talents nécessaires pour s’avancer médiocrement. Gens néanmoins éveillés et alertes sur tout ce qu’ils croient leur convenir, un peu entreprenants, légers et précipités. Le dirai-je ? ils portent au vent, attelés tous deux au char de la Fortune, et tous deux fort éloignés de s’y voir assis.
20 (IV)
Un homme de la cour qui n’a pas un assez beau nom,