une Saint-Hubert, le voilà à cheval ; on parle d’un camp et d’une revue, il est à Ouilles, il est à Achères. Il aime les troupes, la milice, la guerre ; il la voit de près, et jusques au fort de Bernardi. Chanley sait les marches, Jacquier les vivres, Du Metz l’artillerie : celui-ci voit, il a vieilli sous le harnois en voyant, il est spectateur de profession ; il ne fait rien de ce qu’un homme doit faire, il ne sait rien de ce qu’il doit savoir ; mais il a vu, dit-il, tout ce qu’on peut voir, et il n’aura point regret de mourir. Quelle perte alors pour toute la ville ! Qui dira après lui : « Le Cours est fermé, on ne s’y promène point ; le bourbier de Vincennes est desséché et relevé, on n’y versera plus » ? Qui annoncera un concert, un beau salut, un prestige de la Foire ? Qui vous avertira que Beaumavielle mourut hier ; que Rochois est enrhumée, et ne chantera de huit jours ? Qui connaîtra comme lui un bourgeois à ses armes et à ses livrées ? Qui dira : « Scapin porte des fleurs de lis », et qui en sera plus édifié ? Qui prononcera avec plus de vanité et d’emphase le nom d’une simple bourgeoise ? Qui sera mieux fourni de vaudevilles ? Qui prêtera aux femmes les Annales galantes et le Journal amoureux ? Qui saura comme lui chanter à table tout un dialogue de l’Opéra, et les fureurs de Roland dans une ruelle ? Enfin, puisqu’il y a à la ville comme ailleurs de fort sottes gens, des gens fades, oisifs, désoccupés, qui pourra aussi parfaitement leur convenir ?
I4 (V)
Théramène était riche et avait du mérite ; il a hérité, il est donc très riche et d’un très grand mérite. Voilà toutes les femmes en campagne pour l’avoir pour galant, et toutes les filles pour épouseur. Il va de maisons en maisons faire espérer aux mères qu’il épousera. Est-il assis, elles se retirent, pour laisser à leurs filles toute la liberté d’être aimables, et à Théramène de faire ses déclarations. Il tient ici contre le mortier ; là il efface le cavalier ou le gentilhomme. Un jeune homme fleuri, vif, enjoué, spirituel n’est pas souhaité plus