cesser de l’être, ils se veuillent pas abuser de notre confiance, ni se faire craindre comme ennemis.
57 (IV)
Il est doux de voir ses amis par goût et par estime ; il est pénible de les cultiver par intérêt ; c’est solliciter.
58 (VII)
Il faut briguer la faveur de ceux à qui l’on veut du bien, plutôt que de ceux de qui l’on espère du bien.
59 (IV)
On ne vole point des mêmes ailes pour sa fortune que l’on fait pour des choses frivoles et de fantaisie. Il y a un sentiment de liberté à suivre ses caprices, et tout au contraire de servitude à courir pour son établissement : il est naturel de le souhaiter beaucoup et d’y travailler peu, de se croire digne de le trouver sans l’avoir cherché.
60 (V)
Celui qui sait attendre le bien qu’il souhaite, ne prend pas le chemin de se désespérer s’il ne lui arrive pas ; et celui au contraire qui désire une chose avec une grande impatience, y met trop du sien pour en être assez récompensé par le succès.
6I (VII)
Il y a de certaines gens qui veulent si ardemment et si déterminément une certaine chose, que de peur de la manquer, ils n’oublient rien de ce qu’il faut faire pour la manquer.
62 (IV)
Les choses les plus souhaitées n’arrivent point ; ou si elles arrivent, ce n’est ni dans le temps ni dans les circonstances où elles auraient fait un extrême plaisir.
63 (IV)
Il faut rire avant que d’être heureux, de peur de mourir sans avoir ri.
64 (I)
La vie est courte, si elle ne mérite ce nom que lorsqu’elle est agréable, puisque si l’on cousait ensemble toutes les heures que l’on passe avec ce qui plaît, l’on ferait à peine d’un grand nombre d’années une vie de quelques mois.
65 (I)
Qu’il est difficile d’être content de quelqu’un !
66 (V)
On ne pourrait se défendre de quelque joie à voir périr un méchant homme : l’on jouirait alors du fruit de sa haine, et l’on tirerait de lui tout ce qu’on en peut espérer, qui est le plaisir de sa perte. Sa mort enfin arrive, mais dans une conjoncture où nos intérêts ne nous permettent pas de nous en réjouir : il meurt trop tôt ou trop tard.
67 (IV)
Il est pénible à un homme fier de pardonner à celui qui le surprend en faute, et qui se plaint de lui avec raison : sa fierté ne s’adoucit que lorsqu’il reprend ses avantages, et qu’il met l’autre dans son tort.
68 (I)