l’on demande s’il ne lui serait pas plus aisé d’imposer à celle dont il est aimé qu’à celle qui ne l’aime point.
❡ Un homme peut tromper une femme par un feint attachement, pourvu qu’il n’en ait pas ailleurs un véritable.
❡ Un homme éclate contre une femme qui ne l’aime plus, et se console ; une femme fait moins de bruit quand elle est quittée, et demeure longtemps inconsolable.
❡ Les femmes guérissent de leur paresse par la vanité ou par l’amour.
La paresse au contraire dans les femmes vives est le présage de l’amour.
❡ Il est fort sûr qu’une femme qui écrit avec emportement est emportée ; il est moins clair qu’elle soit touchée. Il semble qu’une passion vive et tendre est morne et silencieuse ; et que le plus pressant intérêt d’une femme qui n’est plus libre, celui qui l’agite davantage, est moins de persuader qu’elle aime, que de s’assurer si elle est aimée.
❡ Glycère n’aime pas les femmes ; elle hait leur commerce et leurs visites, se fait celer pour elles, et souvent pour ses amis, dont le nombre est petit, à qui elle est sévère, qu’elle resserre dans leur ordre, sans leur permettre rien de ce qui passe l’amitié ; elle est distraite avec eux, leur répond par des monosyllabes, et semble chercher à s’en défaire ; elle est solitaire et farouche dans sa maison ; sa porte est mieux gardée et sa chambre plus inaccessible que celles de Monthoron et d’Émery[1]. Une seule, Corinne, y est attendue, y est reçue, et à toutes les heures ; on l’embrasse à plusieurs reprises ; on croit l’aimer ; on lui parle à l’oreille dans un cabinet où elles sont seules ; on a soi-même plus de deux oreilles pour l’écouter ; on se plaint à elle de tout autre que d’elle ; on lui dit toutes choses, et on ne lui apprend rien : elle a la confiance de tous les deux. L’on voit Glycère en partie carrée au bal, au théâtre dans les jardins publics, sur le chemin de Venouze[2], où l’on mange les premiers fruits ; quelquefois seule en litière sur la route du grand faubourg, où elle a un verger délicieux, ou à la porte de Canidie, qui a de si beaux secrets, qui promet aux jeunes femmes de secondes noces, qui en dit le temps et les cir-