sérieuse ? Je vous plains, Lélie, si vous avez pris par contagion ce nouveau goût qu’ont tant de femmes romaines pour ce qu’on appelle des hommes publics et exposés par leur condition à la vue des autres : que ferez-vous lorsque le meilleur en ce genre vous est enlevé ? Il reste encore Bronte le questionnaire[1] : le peuple ne parle que de sa force et de son adresse ; c’est un jeune homme qui a les épaules larges et la taille ramassée, un nègre d’ailleurs, un homme noir.
❡ Pour les femmes du monde, un jardinier est un jardinier, et un maçon un maçon ; pour quelques autres plus retirées, un maçon est un homme, un jardinier est un homme. Tout est tentation à qui la craint.
❡ Quelques femmes donnent aux convents[2] et à leurs amants ; galantes et bienfaitrices, elles ont jusque dans l’enceinte de l’autel des tribunes et des oratoires où elles lisent des billets tendres, et où personne ne voit qu’elles ne prient point Dieu.
❡ Qu’est-ce donc qu’une femme que l’on dirige ? est-ce une femme plus complaisante pour son mari, plus douce pour ses domestiques, plus appliquée à sa famille et à ses affaires, plus ardente et plus sincère pour ses amis, qui soit moins esclave de son humeur, moins attachée à ses intérêts, qui aime moins les commodités de la vie ; je ne dis pas qui fasse des largesses à ses enfants qui sont déjà riches, nais qui, opulente elle-même et accablée du superflu, leur fournisse le nécessaire et leur rende au moins la justice qu’elle leur doit ; qui soit plus exempte d’amour de soi-même et d’éloignement pour les autres, qui soit plus libre de tous les attachements humains ? Non, dites-vous, ce n’est rien de toutes ces choses. J’insiste et je vous demamde : qu’est-ce donc qu’une femme que l’on dirige ? Je vous entends : c’est une femme qui a un directeur.
❡ Si le confesseur et le directeur ne conviennent point sur une règle de conduite, qui fera le tiers qu’une femme prendra pour surarbitre ?
❡ Le capital pour une femme n’est pas d’avoir un directeur, mais de vivre si uniment qu’elle s’en puisse passer.