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et combien elle est un vice honteux, qu’en ce qu’elle n’ose se montrer, et qu’elle se cache souvent sous les apparences de son contraire. La fausse modestie est le dernier raffinement de la vanité ; elle fait que l’homme vain ne paraît point tel, et se fait valoir au contraire par la vertu opposée au vice qui fait son caractère : c’est un mensonge. La fausse gloire est l’écueil de la vanité ; elle nous conduit à vouloir être estimés par des choses qui à la vérité se trouvent en nous, mais qui sont frivoles et indignes qu’on les relève : c’est une erreur.

67 (IV)

Les hommes parlent de manière, sur ce qui les regarde, qu’ils n’avouent d’eux-mêmes que de petits défauts, et encore ceux qui supposent en leurs personnes de beaux talents ou de grandes qualités. Ainsi l’on se plaint de son peu de mémoire, content d’ailleurs de son grand sens et de son bon jugement ; l’on reçoit le reproche de la distraction et de la rêverie, comme s’il nous accordait