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et la subsistance n’y font pas le tiers de l’embarras.

28 (I)

Rien n’engage tant un esprit raisonnable à supporter tranquillement des parents et des amis les tors qu’ils ont à son égard, que la réflexion qu’il fait sur les vices de l’humanité, et combien il est pénible aux hommes d’être constants, généreux, fidèles, d’être touchés d’une amitié plus forte que leur intérêt. Comme il connaît leur portée, il n’exige point d’eux qu’ils pénètrent les corps, qu’ils volent dans l’air, qu’ils aient de l’équité. Il peut haïr les hommes en général, où il y a si peu de vertu ; mais il excuse les particuliers, il les aime même par des motifs plus relevés, et il s’étudie à mériter le moins qu’il se peut une pareille indulgence.

29 (I)

Il y a de certains biens que l’on désire avec emportement, et dont l’idée seule nous enlève et nous transporte : s’il nous arrive de les obtenir, on les sent plus tranquillement qu’on ne l’eût pensé, on en jouit moins que l’on n’aspire encore à de plus grands.

30 (I)

Il y a des maux effroyables et d’horribles malheurs où l’on n’ose penser, et dont la seule vue fait frémir : s’il arrive que l’on y tombe, l’on se trouve des ressources que l’on ne se connaissait point, l’on se raidit contre son infortune, et l’on fait mieux qu’on ne l’espérait.

3I (IV)

Il ne faut quelquefois qu’une jolie maison