Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/359

Cette page n’a pas encore été corrigée

et qui se trouvaient honorés de vous recevoir ; mais le sentiment de votre perte fut tel, que dans les efforts que vous fîtes pour la réparer, vous osâtes penser à celui qui seul pouvait vous la faire oublier et la tourner à votre gloire. Avec quelle bonté, avec quelle humanité ce magnanime prince vous a-t-il reçus ! N’en soyons pas surpris, c’est son caractère : le même, Messieurs, que l’on voit éclater dans toutes les actions de sa belle vie, mais que les surprenantes révolutions arrivées dans un royaume voisin et allié de la France ont mis dans le plus beau jour qu’il pouvait jamais recevoir.

Quelle facilité est la nôtre pour perdre tout d’un coup le sentiment et la mémoire des choses dont nous nous sommes vus le plus fortement imprimés ! Souvenons-nous de ces jours tristes que nous avons passés dans l’agitation et dans le trouble, curieux, incertains quelle fortune auraient courue un grand roi, une grande reine, le prince leur fils, famille auguste, mais malheureuse, que la piété et la religion avaient poussée jusqu’aux dernières épreuves de l’adversité. Hélas ! avaient-ils péri sur la mer ou