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Serre ou de des Marets, et s’ils en sont crus, revenir au Pédagogue chrétien et à la Cour sainte. Il paraît une nouvelle satire écrite contre les vices en général, qui, d’un vers fort et d’un style d’airain, enfonce ses traits contre l’avarice, l’excès du jeu, la chicane, la mollesse, l’ordure et l’hypocrisie, où personne n’est nommé ni désigné, où nulle femme vertueuse ne peut ni ne doit se reconnaître ; un Bourdaloue en chaire ne fait point de peintures du crime ni plus vives ni plus innocentes : il n’importe, c’est médisance, c’est calomnie. Voilà depuis quelque temps leur unique ton, celui qu’ils emploient contre les ouvrages de mœurs qui réussissent : ils y prennent tout littéralement, ils les lisent comme une histoire, ils n’y entendent ni la poésie ni la figure ; ainsi ils les condamnent ; ils y trouvent des endroits faibles : il y en a dans Homère, dans Pindare, dans Virgile et dans Horace ; où n’y en a-t-il point ? si ce n’est peut-être dans leurs écrits. Bernin n’a pas manié le marbre ni traité toutes ses figures d’une égale force ; mais on ne laisse pas de voir, dans ce qu’il a moins heureusement rencontré, de certains traits si achevés, tout proche de quelques autres qui le sont moins, qu’ils découvrent aisément l’excellence de l’ouvrier : si c’est un cheval, les crins sont tournés d’une main hardie,