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Préface

Ceux qui, interrogés sur le discours que je fis à l’Académie française, le jour que j’eus l’honneur d’y être reçu, ont dit sèchement que j’avais fait des caractères, croyant le blâmer, en ont donné l’idée la plus avantageuse que je pouvais moi-même désirer ; car le public ayant approuvé ce genre d’écrire où je me suis appliqué depuis quelques années, c’était le prévenir en ma faveur que de faire une telle réponse. Il ne restait plus que de savoir si je n’aurais pas dû renoncer aux caractères dans le discours dont il s’agissait ; et cette question s’évanouit dès qu’on sait que l’usage a prévalu qu’un nouvel académicien compose celui qu’il doit prononcer, le jour de sa réception, de l’éloge du Roi, de ceux du cardinal de Richelieu, du chancelier Seguier, de la personne à qui il succède, et de l’Académie française. De ces cinq éloges, il y en a quatre de personnels ; or je demande à mes censeurs qu’ils me posent si bien la différence qu’il y