donc chercher, ô Lucile, s’il n’y a point hors d’eux un principe qui les fait mouvoir ; qui que vous trouviez, je l’appelle Dieu. Si nous supposions que ces grands corps sont sans mouvement, on ne demanderait plus, à la vérité, qui les met en mouvement, mais on serait toujours reçu à demander qui a fait ces corps, comme on peut s’informer qui a fait ces roues ou cette boule ; et quand chacun de ces grands corps serait supposé un amas fortuit d’atomes qui se sont liés et enchaînés ensemble par la figure et la conformation de leurs parties, je prendrais un de ces atomes et je dirais : Qui a créé cet atome ? Est-il matière ? est-il intelligence ? A-t-il eu quelque idée de soi-même, avant que de se faire soi-même ? Il était donc un moment avant que d’être ; il était et il n’était pas tout à la fois ; et s’il est auteur de son être et de sa manière d’être, pourquoi s’est-il fait corps plutôt qu’esprit ? Bien plus, cet atome n’a-t-il point commencé ? est-il éternel ? est-il infini ? Ferez-vous un Dieu de cet atome ?
44 (VII)
Le ciron a des yeux, il se détourne à la rencontre des objets qui lui pourraient nuire ; quand on le met sur de l’ébène pour le mieux remarquer, si, dans le temps qu’il marche vers un côté, on lui présente le moindre fétu, il change de route : est-ce un jeu du hasard que son cristallin, sa rétine et son nerf optique ?