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qu’il doive périr, car qui peut corrompre ou séparer un être simple et qui n’a point de parties ?

4I (I)

L’âme voit la couleur par l’organe de l’oeil, et entend les sons par l’organe de l’oreille ; mais elle peut cesser de voir ou d’entendre, quand ces sens ou ces objets lui manquent, sans que pour cela elle cesse d’être, parce que l’âme n’est point précisément ce qui voit la couleur, ou ce qui entend les sons : elle n’est que ce qui pense. Or comment peut-elle cesser d’être telle ? Ce n’est point par le défaut d’organe, puisqu’il est prouvé qu’elle n’est point matière ; ni par le défaut d’objet, tant qu’il y aura un Dieu et d’éternelles vérités : elle est donc incorruptible.

42 (I)

Je ne conçois point qu’une âme que Dieu a voulu remplir de l’idée de son être infini, et souverainement parfait, doive être anéantie. 43 (VII)

Voyez, Lucile, ce morceau de terre, plus propre et plus orné que les autres terres qui lui sont contiguës : ici ce sont des compartiments mêlés d’eaux plates et d’eaux jaillissantes ; là des allées en palissade qui n’ont pas de fin, et qui vous couvrent des vents du nord ; d’un côté c’est un bois épais qui défend de tous les soleils, et d’un autre un beau point de vue. Plus bas, une Yvette ou un Lignon, qui coulait obscurément entre les saules