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du moins la raison invincible qui a su le convaincre.

I3 (I)

L’impossibilité où je suis de prouver que Dieu n’est pas me découvre son existence.

I4 (IV)

Dieu condamne et punit ceux qui l’offensent, seul juge en sa propre cause : ce qui répugne, s’il n’est lui-même la justice et la vérité, c’est-à-dire s’il n’est Dieu.

I5 (I) Je sens qu’il y a un Dieu, et je ne sens pas qu’il n’y en ait point ; cela me suffit, tout le raisonnement du monde m’est inutile : je conclus que Dieu existe. Cette conclusion est dans ma nature ; j’en ai reçu les principes trop aisément dans mon enfance, et je les ai conservés depuis trop naturellement dans un âge plus avancé, pour les soupçonner de fausseté. — Mais il y a des esprits qui se défont de ces principes. — C’est une grande question s’il s’en trouve de tels ; et quand il serait ainsi, cela prouve seulement qu’il y a des monstres.

I6 (I)

L’athéisme n’est point. Les grands, qui en sont le plus soupçonnés, sont trop paresseux pour décider en leur esprit que Dieu n’est pas ; leur indolence va jusqu’à les rendre froids et indifférents sur cet article si capital, comme sur la nature de leur âme,