Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/248

Cette page n’a pas encore été corrigée

te la croyance : comment donc pourrais-je croire qu’on doive présumer par des faits récents, connus et circonstanciés, qu’une connivence si pernicieuse dure encore, qu’elle ait même tourné en jeu et passé en coutume ?

54 (IV)

Combien d’hommes qui sont forts contre les faibles, fermes et inflexibles aux sollicitations du simple peuple, sans nuls égards pour les petits, rigides et sévères dans les minutes, qui refusent les petits présents, qui n’écoutent ni leurs parents ni leurs amis, et que les femmes seules peuvent corrompre !

55 (I)

Il n’est pas absolument impossible qu’une personne qui se trouve dans une grande faveur perde un procès.

56 (V) Les mourants qui parlent dans leurs testaments peuvent s’attendre à être écoutés comme des oracles ; chacun les tire de son côté et les interprète à sa manière, je veux dire selon ses désirs ou ses intérêts.

57 (V)

Il est vrai qu’il y a des hommes dont on peut dire que la mort fixe moins la dernière volonté qu’elle ne leur ôte avec la vie l’irrésolution et l’inquiétude. Un dépit, pendant qu’ils vivent, les fait tester ; ils s’apaisent et déchirent leur minute, la voilà en cendre. Ils n’ont pas moins de testaments dans leur cassette que d’almanachs sur leur table ; ils les comptent par les années. Un second