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leur métier, de la différer. Quelques-uns savent leur devoir, et font leur métier.

44 (I)

Celui qui sollicite son juge ne lui fait pas honneur ; car ou il se défie de ses lumières et même de sa probité, ou il cherche à le prévenir, ou il lui demande une injustice.

45 (IV)

Il se trouve des juges auprès de qui la faveur, l’autorité, les droits de l’amitié et de l’alliance nuisent à une bonne cause, et qu’une trop grande affectation de passer pour incorruptibles expose à être injustes. 46 (IV)

Le magistrat coquet ou galant est pire dans les conséquences que le dissolu : celui-ci cache son commerce et ses liaisons, et l’on ne sait souvent par où aller jusqu’à lui ; celui-là est ouvert par mille faibles qui sont connus, et l’on y arrive par toutes les femmes à qui il veut plaire.

47 (IV)

Il s’en faut peu que la religion et la justice n’aillent de pair dans la république, et que la magistrature ne consacre les hommes comme la prêtrise. L’homme de robe ne saurait guère danser au bal, paraître aux théâtres, renoncer aux habits simples et modestes, sans consentir à son propre avilissement ; et il est étrange qu’il ait fallu une loi pour régler son extérieur, et le contraindre ainsi à être grave et plus respecté.