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vous en avez ; il sera même fort éminent, si avec votre métal, qui de jour à autre se multiplie, je ne fais en sorte qu’il se découvre devant vous.

4I (IV)

Orante plaide depuis dix ans entiers en règlement de juges pour une affaire juste, capitale, et où il y va de toute sa fortune : elle saura peut-être dans cinq années quels seront ses juges, et dans quel tribunal elle doit plaider le reste de sa vie.

42 (IV)

L’on applaudit à la coutume qui s’est introduite dans les tribunaux d’interrompre les avocats au milieu de leur action, de les empêcher d’être éloquents et d’avoir de l’esprit, de les ramener au fait et aux preuves toutes sèches qui établissent leurs causes et le droit de leurs parties ; et cette pratique si sévère, qui laisse aux orateurs le regret de n’avoir pas prononcé les plus beaux traits de leurs discours, qui bannit l’éloquence du seul endroit où elle est en sa place, et va faire du Parlement une muette juridiction, on l’autorise par une raison solide et sans réplique, qui est celle de l’expédition : il est seulement à désirer qu’elle fût moins oubliée en toute autre rencontre, qu’elle réglât au contraire les bureaux comme les audiences, et qu’on cherchât une fin aux écritures, comme on a fait aux plaidoyers. 43 (I)

Le devoir des juges est de rendre la justice ;