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Que les saletés des Dieux, la Vénus, le Ganymède et les autres nudités du Carrache aient été faites pour des princes de l’Eglise, et qui se disent successeurs des Apôtres, le palais Farnèse en est la preuve.

I8 (I)

Les belles choses le sont moins hors de leur place ; les bienséances mettent la perfection, et la raison met les bienséances. Ainsi l’on n’entend point une gigue à la chapelle, ni dans un sermon des tons de théâtre ; l’on ne voit point d’images profanes dans les temples, un CHRIST par exemple et le Jugement de Paris dans le même sanctuaire, ni à des personnes consacrées à l’Eglise le train et l’équipage d’un cavalier.

I9 (VIII) Déclarerai-je donc ce que je pense de ce qu’on appelle dans le monde un beau salut, la décoration souvent profane, les places retenues et payées, des livres distribués comme au théâtre, les entrevues et les rendez-vous fréquents, le murmure et les causeries étourdissantes, quelqu’un monté sur une tribune qui y parle familièrement, sèchement, et sans autre zèle que de rassembler le peuple, l’amuser, jusqu’à ce qu’un orchestre, le dirai-je ? et des voix qui concertent depuis longtemps se fassent entendre ?