Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/229

Cette page n’a pas encore été corrigée

porter de front ou de côté, ouverts ou fermés, et ceux-ci de tant ou de tant de grilles : on n’aime pas les minuties, on passe droit aux couronnes, cela est plus simple ; on s’en croit digne, on se les adjuge. Il reste encore aux meilleurs bourgeois une certaine pudeur qui les empêche de se parer d’une couronne de marquis, trop satisfaits de la comtale ; quelques-uns même ne vont pas la chercher fort loin, et la font passer de leur enseigne à leur carrosse.

6 (I)

Il suffit de n’être point né dans une ville, mais sous une chaumière répandue dans la campagne, ou sous une ruine qui trempe dans un marécage et qu’on appelle château, pour être cru noble sur sa parole.

7 (IV) Un bon gentilhomme veut passer pour un petit seigneur, et il y parvient. Un grand seigneur affecte la principauté, et il use de tant de précautions, qu’à force de beaux noms, de disputes sur le rang et les préséances, de nouvelles armes, et d’une généalogie que D’Hozier ne lui a pas faite, il devient enfin un petit prince.