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alors la plus curieuse et qui fait plus de plaisir à voir, c’est la plus ancienne : aidée du temps et des années, elle a le même agrément dans les portraits qu’a la saye ou l’habit romain sur les théâtres, qu’on la mante, le voile et la tiare dans nos tapisseries et dans nos peintures.

Nos pères nous ont transmis, avec la connaissance de leurs personnes, celle de leurs habits, de leurs coiffures, de leurs armes, et des autres ornements qu’ils ont aimés pendant leur vie. Nous ne saurions bien reconnaître cette sorte de bienfait qu’en traitant de même nos descendants.

I6 (I)

Le courtisan autrefois avait ses cheveux, étaient en chausses et en pourpoint, portait de larges canons, et il était libertin. Cela ne sied plus : il porte une perruque, l’habit serré, le bas uni, et il est dévot : tout se règle par la mode.

I7 (I)

Celui qui depuis quelque temps à la cour était dévot, et par là, contre toute raison, peu éloigné du ridicule, pouvait-il espérer de devenir à la mode ?

I8 (I)

De quoi n’est point capable un courtisan dans la vue de sa fortune, si pour ne la pas manquer il devient dévot ?

I9 (IV)

Les couleurs sont préparés, et la toile est