Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/211

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans un autre genre ; mais les femmes sont de nos jours ou dévotes, ou coquettes, ou joueuses, ou ambitieuses, quelques-unes même tout cela à la fois ; le goût de la faveur, le jeu, les galants, les directeurs ont pris la place, et la défendent contre les gens d’esprit.

II (I)

Un homme fat et ridicule porte un long chapeau, un pourpoint à ailerons, des chausses à aiguillettes et des bottines ; il rêve la veille par où et comment il pourra se faire remarquer le jour qui suit. Un philosophe se laisse habiller par son tailleur : il y a autant de faiblesse à fuir la mode qu’à l’affecter.

I2 (IV)

L’on blâme une mode qui divisant la taille des hommes en deux parties égales, en prend une tout entière pour le buste, et laisse l’autre pour le reste du corps ; l’on condamne celle qui fait de la tête des femmes la base d’un édifice à plusieurs étages dont l’ordre et la structure change selon leurs caprices, qui éloigne les cheveux du visage, bien qu’ils ne croissent que pour l’accompagner, qui les relève et les hérisse à la manière des bacchantes, et semble avoir pourvu à ce que les femmes changent leur physionomie douce et modeste en une autre qui soit fière et audacieuse ; on se récrie enfin contre une telle ou une telle mode, qui cependant, toute bizarre qu’elle est, pare et embellit pendant qu’elle dure, et dont l’on tire tout l’avantage qu’on