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ne fait presque que commencer ; nous-mêmes nous touchons aux premiers hommes et aux patriarches, et qui pourra ne nous pas confondre avec eux dans des siècles si reculés ? Mais si l’on juge par le passé de l’avenir, quelles choses nouvelles nous sont inconnues dans les arts, dans les sciences, dans la nature, et j’ose dire dans l’histoire ! quelles découvertes ne fera-t-on point ! quelles différentes révolutions ne doivent pas arriver sur toute la face de la terre, dans les États et dans les empires ! quelle ignorance est la nôtre ! et quelle légère expérience que celle de six ou sept mille ans !

I08 (IV)

Il n’y a point de chemin trop long à qui marche lentement et sans se presser : il n’y a point d’avantages trop éloignés à qui s’y prépare par la patience.

I09 (IV)

Ne faire sa cour à personne, ni attendre de quelqu’un qu’il vous fasse la sienne, douce situation, âge d’or, état de l’homme le plus naturel !

II0 (VII)

Le monde est pour ceux qui suivent les cours ou qui peuplent les villes ; la nature n’est que pour ceux qui habitent la campagne : eux seuls vivent, eux seuls du moins connaissent qu’ils vivent.

III (IV)

Pourquoi me faire froid, et vous plaindre de ce qui m’est échappé sur quelques jeunes gens qui peuplent les cours ? Êtes-vous vicieux, ô Thrasylle ? Je ne le savais pas, et vous me l’apprenez : ce que je sais est que vous n’êtes plus jeune.