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su inventer, deviennent familiers, et que le dédain, tout froid et tout paisible qu’il est, ose s’en servir.

96 (IV)

Vous vous agitez, vous vous donnez un grand mouvement, surtout lorsque les ennemis commencent à fuir et que la victoire n’est plus douteuse, ou devant une ville après qu’elle a capitulé ; vous aimez, dans un combat ou pendant un siège, à paraître en cent endroits pour n’être nulle part, à prévenir les ordres du général de peur de les suivre, et à chercher les occasions plutôt que de les attendre et les recevoir : votre valeur serait-elle fausse ?

97 (IV)

Faites garder aux hommes quelque poste où ils puissent être tués, et où néanmoins ils ne soient pas tués : ils aiment l’honneur et la vie.

98 (VII)

À voir comme les hommes aiment la vie, pouvait-on soupçonner qu’ils aimassent quelque autre chose plus que la vie ? et que la gloire, qu’ils préfèrent à la vie, ne fût souvent qu’une certaine opinion d’eux-mêmes établie dans l’esprit de mille gens ou qu’ils ne connaissent point ou qu’ils n’estiment point ?

99 (VII)