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l’on doit aux autres, c’est de la faire promptement et sans différer : la faire attendre, c’est injustice. Ceux-là font bien, ou font ce qu’ils doivent, qui font ce qu’ils doivent. Celui qui dans toute sa conduite laisse longtemps dire de soi qu’il fera bien, fait très mal.

82 (VII)

L’on dit d’un grand qui tient table deux fois le jour, et qui passe sa vie à faire digestion, qu’il meurt de faim, pour exprimer qu’il n’est pas riche, ou que ses affaires sont fort mauvaises : c’est une figure ; on le dirait plus à la lettre de ses créanciers.

83 (IV)

L’honnêteté, les égards et la politesse des personnes avancées en âge de l’un et l’autre sexe me donnent bonne opinion de ce qu’on appelle le vieux temps.

84 (I)

C’est un excès de confiance dans les parents d’espérer tout de la bonne éducation de leurs enfants, et une grande erreur de n’en attendre rien et de la négliger.

85 (IV)

Quand il serait vrai, ce que plusieurs disent, que l’éducation ne donne point à l’homme un autre cœur ni une autre complexion, qu’elle ne change rien dans son fond et ne touche qu’aux superficies, je ne laisserais pas de dire qu’elle ne lui est pas inutile.

86 (IV)

Il n’y a que de l’avantage pour celui qui parle peu : la présomption est qu’il a de l’esprit ; et s’il