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ou de suivre, des biens que l’on n’a point faits, des maux au contraire que l’on a faits ou par soi-même ou par les autres ; en un mot, de toute sa prospérité !

78 (IV)

L’on gagne à mourir d’être loué de ceux qui nous survivent, souvent sans autre mérite que celui de n’être plus : le même éloge sert alors pour Caton et pour Pison.

« Le bruit court que Pison est mort : c’est une grande perte ; c’était un homme de bien, et qui méritait une plus longue vie ; il avait de l’esprit et de l’agrément, de la fermeté et du courage ; il était sûr, généreux, fidèle. » Ajoutez : « pourvu qu’il soit mort. »

79 (IV)

La manière dont on se récrie sur quelques-uns qui se distinguent par la bonne foi, le désintéressement et la probité, n’est pas tant leur éloge que le décréditement du genre humain.

80 (VII)

Tel soulage les misérables, qui néglige sa famille et laisse son fils dans l’indigence ; un autre élève un nouvel édifice, qui n’a pas encore payé les plombs d’une maison qui est achevée depuis dix années ; un troisième fait des présents et des largesses, et ruine ses créanciers. Je demande : la pitié, la libéralité, la magnificence, sont-ce les vertus d’un homme injuste ? ou plutôt si la bizarrerie et la vanité ne sont pas les causes de l’injustice.

8I (VIII)

Une circonstance essentielle à la justice que