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L’on peut, ajoute ce philosophe, envier ou refuser à me écrits leur récompense : on ne saurait en diminuer la réputation ; et si on le fait, qui m’empêchera de le mépriser ? » .

68 (V)

Il est bon d’être philosophe, il n’est guère utile de passer pour tel. Il n’est pas permis de traiter quelqu’un de philosophe : ce sera toujours lui dire une injure, jusqu’à ce qu’il ait plu aux hommes d’en ordonner autrement, et, en restituant à un si beau nom son idée propre et convenable, de lui concilier toute l’estime qui lui est due.

69 (VI)

Il y a une philosophie qui nous élève au-dessus de l’ambition et de la fortune, qui nous égale, que dis-je ? qui nous place plus haut que les riches, que les grands et que les puissants ; qui nous fait négliger les postes et ceux qui les procurent ; qui nous exempte de désirer, de demander, de prier, de solliciter, d’importuner, et qui nous sauve même l’émotion et l’excessive joie d’être exaucés. Il y a une autre philosophie qui nous soumet et nous assujettit à toutes ces choses en faveur de nos proches ou de nos amis : c’est la meilleure.

70 (IV)

C’est abréger et s’épargner mille discours, que de penser de certaines gens qu’ils sont incapables de parler juste, et de condamner ce qu’ils disent, ce qu’ils ont dit, et ce qu’ils diront.

7I (I)

Nous n’approuvons les autres que par les rapports que nous sentons qu’ils ont avec nous-mêmes ;