il est politique, il est philosophe ; il entreprend de faire parler des héros, de les faire agir ; il peint les Romains ; ils sont plus grands et plus Romains dans ses vers que dans leur histoire.
(VI) Voulez-vous quelque autre prodige ? Concevez un homme facile, doux, complaisant, traitable, et tout d’un coup violent, colère, fougueux, capricieux. Imaginez-vous un homme simple, ingénu, crédule, badin, volage, un enfant en cheveux gris ; mais permettez-lui de se recueillir, ou plutôt de se livrer à un génie qui agit en lui, j’ose dire, sans qu’il y prenne part et comme à son insu : quelle verve ! quelle élévation ! quelles images ! quelle latinité !
— Parlez-vous d’une même personne ? me direz-vous.
— Oui, du même, de Théodas, et de lui seul. Il crie, il s’agite, il se roule à terre, il se relève, il tonne, il éclate ; et du milieu de cette tempête il sort une lumière qui brille et qui réjouit. Disons-le sans figure : il parle comme un fou, et pense comme un homme sage ; il dit ridiculement des choses vraies, et follement des choses sensées et raisonnables ; on est surpris de voir naître et éclore le bon sens du sein de la bouffonnerie, parmi les grimaces et les contorsions. Qu’ajouterai-je davantage ?