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gravité trop étudiée devient comique ; ce sont comme des extrémités qui se touchent et dont le milieu est dignité ; cela ne s’appelle pas être grave, mais en jouer le personnage ; celui qui songe à le devenir ne le sera jamais : ou la gravité n’est point, ou elle est naturelle ; et il est moins difficile d’en descendre que d’y monter.

30 (VI)

Un homme de talent et de réputation, s’il est chagrin et austère, il effarouche les jeunes gens, les fait penser mal de la vertu, et la leur rend suspecte d’une trop grande réforme et d’une pratique trop ennuyeuse. S’il est au contraire d’un bon commerce, il leur est une leçon utile ; il leur apprend qu’on peut vivre gaiement et laborieusement, avoir des vues sérieuses sans renoncer aux plaisirs honnêtes ; il leur devient un exemple qu’on peut suivre.

3I (IV)

La physionomie n’est pas une règle qui nous soit donnée pour juger des hommes : elle nous peut servir de conjecture.

32 (IV)

L’air spirituel est dans les hommes ce que la régularité des traits est dans les femmes : c’est le genre de beauté où les plus vains puissent aspirer.

33 (IV)

Un homme qui a beaucoup de mérite et d’esprit ; et qui est connu pour tel, n’est pas laid, même avec des traits qui sont difformes ; ou s’il a de la laideur, elle ne fait pas son impression.

34 (VII)

Combien d’art pour rentrer dans la nature !