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juste partout où il y a des hommes. Nous n’aimerions pas à être traités ainsi de ceux que nous appelons barbares ; et s’il y a en nous quelque barbarie, elle consiste à être épouvantés de voir d’autres peuples raisonner comme nous.

Tous les étrangers ne sont pas barbares, et tous nos compatriotes ne sont pas civilisés : de même toute campagne n’est pas agreste et toute ville n’est pas polie. Il y a dans l’Europe un endroit d’une province maritime d’un grand royaume où le villageois est doux et insinuant, le bourgeois au contraire et le magistrat grossiers, et dont la rusticité est héréditaire.

23 (I)

Avec un langage si pur, une si grande recherche dans nos habits, des mœurs si cultivées, de si belles lois et un visage blanc, nous sommes barbares pour quelques peuples.

24 (I)

Si nous entendions dire des Orientaux qu’ils boivent ordinairement d’une liqueur qui leur monte à la tête, leur fait perdre la raison et les fait vomir, nous dirions : « Cela est bien barbare. »

25 (I)

Ce prélat se montre peu à la cour, il n’est de nul commerce, on ne le voit point avec des