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chastes et modérés, que leur sert le mystérieux jargon de la médecine, et qui est une mine d’or pour ceux qui s’avisent de le parler ? Légistes, docteurs, médecins, quelle chute pour vous, si nous pouvions tous nous donner le mot de devenir sages !

De combien de grands hommes dans les différents exercices de la paix et de la guerre aurait-on dû se passer ! À quel point de perfection et de raffinement n’a-t-on pas porté de certains arts et de certaines sciences qui ne devaient point être nécessaires, et qui sont dans le monde comme des remèdes à tous les maux dont notre malice est l’unique source ! Que de choses depuis Varron, que Varron a ignorées ! Ne nous suffirait-il pas même de n’être savant que comme Platon ou comme Socrate ?

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Tel à un sermon, à une musique, ou dans une galerie de peintures, a entendu à sa droite et à sa gauche, sur une chose précisément la même, des sentiments précisément opposés. Cela me ferait dire volontiers que l’on peut hasarder, dans tout genre d’ouvrages, d’y mettre le bon et le mauvais : le bon