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que de vendre ou de résigner même dans son extrême, vieillesse, c’est se persuader qu’on n’est pas du nombre de ceux qui meurent ; ou si l’on croit que l’on peut mourir, c’est s’aimer soi-même, et n’aimer que soi.

I07 (IV)

Fauste est un dissolu, un prodigue, un libertin, un ingrat, un emporté, qu’Aurèle, son oncle, n’a pu haïr ni déshériter. Frontin, neveu d’Aurèle, après vingt années d’une probité connue, et d’une complaisance aveugle pour ce vieillard, ne l’a pu fléchir en sa faveur, et ne tire de sa dépouille qu’une légère pension, que Fauste, unique légataire, lui doit payer.

I08 (I)

Les haines sont si longues et si opiniâtrées, que le plus grand signe de mort dans un homme malade, c’est la réconciliation.

I09 (I)

L’on s’insinue auprès de tous les hommes, ou en les flattant dans les passions qui occupent leur âme, ou en compatissant aux infirmités qui affligent leur corps ; en cela seul consistent les soins que l’on peut leur rendre : de là vient que celui qui se porte bien, et qui désire peu de choses, est moins facile à gouverner.

II0 (IV)

La mollesse et la volupté naissent avec l’homme, et ne finissent qu’avec lui ; ni les heureux ni les tristes événements ne l’en peuvent séparer ; c’est pour lui ou le fruit de la bonne fortune, ou un dédommagement de la mauvaise.

III (I)