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signification d’un terme grec, traduit en français mot pour mot, n’est plus la même dans notre langue : par exemple, ironie est chez nous une raillerie dans la conversation, ou une figure de rhétorique, et chez Théophraste c’est quelque chose entre la fourberie et la dissimulation, qui n’est pourtant ni l’un ni l’autre, mais précisément ce qui est décrit dans le premier chapitre.

Et d’ailleurs les Grecs ont quelquefois deux ou trois termes assez différents pour exprimer des choses qui le sont aussi et que nous ne saurions guère rendre que par un seul mot : cette pauvreté embarrasse. En effet, l’on remarque dans cet ouvrage grec trois espèces d’avarice, deux sortes d’importuns, des flatteurs de deux manières, et autant de grands parleurs : de sorte que les caractères de ces personnes semblent rentrer les uns dans les autres, au désavantage du titre ; ils ne sont pas aussi toujours suivis et parfaitement conformes, parce que Théophraste, emporté quelquefois par le dessein qu’il a de faire des portraits, se trouve déterminé à ces changements par le caractère et les mœurs du personnage qu’il peint ou dont il fait la satire.

Les définitions qui sont au commencement de chaque chapitre ont eu leurs difficultés. Elles sont courtes et concises dans Théophraste, selon la forme du grec et le style d’Aristote, qui lui en a fourni les