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et qui nous paraissent ridicules, il faut se souvenir qu’elles ont paru telles à Théophraste, qu’il les a regardées comme des vices dont il a fait une peinture naïve, qui fit honte aux Athéniens et qui servit à les corriger.

Enfin, dans l’esprit de contenter ceux qui reçoivent froidement tout ce qui appartient aux étrangers et aux anciens, et qui n’estiment que leurs mœurs, on les ajoute à cet ouvrage. L’on a cru pouvoir se dispenser de suivre le projet de ce philosophe, soit parce qu’il est toujours pernicieux de poursuivre le travail d’autrui, surtout si c’est d’un ancien ou d’un auteur d’une grande réputation ; soit encore parce que cette unique figure qu’on appelle description ou énumération, employée avec tant de succès dans ces vingt-huit chapitres des Caractères, pourrait en avoir un beaucoup moindre, si elle était traitée par un génie fort inférieur à celui de Théophraste.

Au contraire, se ressouvenant que, parmi le grand nombre des traités de ce philosophe rapportés par Diogène Laërce, il s’en trouve un sous le titre de Proverbes, c’est-à-dire de pièces détachées, comme des réflexions ou des remarques, que le premier et le plus grand livre de morale qui ait été fait porte ce même nom dans les divines Ecritures, on s’est trouvé excité par de si grands modèles à suivre selon ses forces une semblable manière d’écrire