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mort à cent sept ans accomplis : de sorte que je ne doute point qu’il n’y ait eu une ancienne erreur, ou dans les chiffres grecs qui ont servi de règle à Diogène Laërce, qui ne le fait vivre que quatre-vingt-quinze années, ou dans les premiers manuscrits qui ont été faits de cet historien, s’il est vrai d’ailleurs que les quatre-vingt-dix-neuf ans que cet auteur se donne dans cette préface se lisent également dans quatre manuscrits de la bibliothèque Palatine, où l’on a aussi trouvé les cinq derniers chapitres des Caractères de Théophraste qui manquaient aux anciennes impressions, et où l’on a vu deux titres, l’un : du Goût qu’on a pour les vicieux, et l’autre : du Gain sordide, qui sont seuls et dénués de leurs chapitres.

Ainsi cet ouvrage n’est peut-être même qu’un simple fragment, mais cependant un reste précieux de l’antiquité, et un monument de la vivacité de l’esprit et du jugement ferme et solide de ce philosophe dans un âge si avancé. En effet, il a toujours été lu comme un chef-d’œuvre dans son genre : il ne se voit rien où le goût attique se fasse mieux remarquer et où l’élégance grecque éclate davantage ; on l’a appelé un livre d’or. Les savants, faisant attention à la diversité des mœurs qui y sont traitées et à la manière naïve dont tous les caractères