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des divisions, des tables, et de la méthode : ils veulent qu’on leur explique ce que c’est que la vertu en général, et cette vertu en particulier ; quelle différence se trouve entre la valeur, la force et la magnanimité ; les vices extrêmes par le défaut ou par l’excès entre lesquels chaque vertu se trouve placée, et duquel de ces deux extrêmes elle emprunte davantage ; toute autre doctrine ne leur plaît pas. Les autres, contents que l’on réduise les mœurs aux passions et que l’on explique celles-ci par le mouvement du sang, par celui des fibres et des artères, quittent un auteur de tout le reste.

Il s’en trouve d’un troisième ordre qui, persuadés que toute doctrine des mœurs doit tendre à les réformer, à discerner les bonnes d’avec les mauvaises, et à démêler dans les hommes ce qu’il y a de vain, de faible et de ridicule, d’avec ce qu’ils peuvent avoir de bon, de sain et de louable, se plaisent infiniment dans la lecture des livres qui, supposant les principes physiques et moraux rebattus