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ni une trop bonne ni une trop mauvaise qualité : elle flotte entre le vice et la vertu. Il n’y a point de rencontre où elle ne puisse, et peut-être où elle ne doive être suppléée par la prudence.

(IV) La finesse est l’occasion prochaine de la fourberie ; de l’un à l’autre le pas est glissant ; le mensonge seul en fait la différence : si on l’ajoute à la finesse, c’est fourberie.

(IV) Avec les gens qui par finesse écoutent tout et parlent peu, parlez encore moins ; ou si vous parlez beaucoup, dites peu de chose.


86 (V)


Vous dépendez, dans une affaire qui est juste et importante, du consentement de deux personnes. L’un vous dit : « J’y donne les mains pourvu qu’un tel y condescende » ; et ce tel y condescend, et ne désire plus que d’être assuré des intentions de l’autre. Cependant rien n’avance ; les mois, les années s’écoulent inutilement : « Je m’y perds, dites-vous, et je n’y comprends rien ; il ne s’agit que de faire qu’ils s’abouchent, et qu’ils se parlent. » Je vous dis ; moi, que j’y vois clair, et que j’y comprends tout : ils se sont parlé.


87 (VII)


Il me semble que qui sollicite pour les autres a la confiance d’un homme qui demande justice ; et qu’en parlant ou en agissant pour soi-même, on a l’embarras et la pudeur de celui qui demande grâce.