Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/471

Cette page n’a pas encore été corrigée

point de vergogne ; endurer brocards et gausseries de tous chacuns, sans pour ce feindre de cheminer en avant, et à tout son entregent, engendre heur et fortune.


55 (IV)


Jeunesse du prince, source des belles fortunes.


56 (IV)


Timante, toujours le même, et sans rien perdre de ce mérite qui lui a attiré la première fois de la réputation et des récompenses, ne laissait pas de dégénérer dans l’esprit des courtisans : ils étaient las de l’estimer ; ils le saluaient froidement, ils ne lui souriaient plus, ils commençaient à ne le plus joindre, ils ne l’embrassaient plus, ils ne le tiraient plus à l’écart pour lui parler mystérieusement d’une chose indifférente, ils n’avaient plus rien à lui dire. Il lui fallait cette pension ou ce nouveau poste dont il vient d’être honoré pour faire revivre ses vertus à demi effacées de leur mémoire, et en rafraîchir l’idée : ils lui font comme dans les commencements, et encore mieux.


57 (V)


Que d’amis, que de parents naissent en une nuit au nouveau ministre ! Les uns font valoir leurs anciennes liaisons, leur société d’études, les droits du voisinage ; les autres feuillettent leur généalogie, remontent jusqu’à un trisaïeul, rappellent le côté paternel et le maternel ; l’on veut tenir à cet homme par quelque endroit, et l’on dit plusieurs fois le jour que l’on y tient ; on l’imprimerait volontiers :