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premier et l’unique soin qu’on a après sa fortune faite n’était pas de songer à soi.


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(VII) Les courtisans n’emploient pas ce qu’ils ont d’esprit, d’adresse et de finesse pour trouver les expédients d’obliger ceux de leurs amis qui implorent leur secours, mais seulement pour leur trouver des raisons apparentes, de spécieux prétextes, ou ce qu’ils appellent une impossibilité de le pouvoir faire ; et ils se persuadent d’être quittes par là en leur endroit de tous les devoirs de l’amitié ou de la reconnaissance.

(VI) Personne à la cour ne veut entamer ; on s’offre d’appuyer, parce que, jugeant des autres par soi-même, on espère que nul n’entamera, et qu’on sera ainsi dispensé d’appuyer : c’est une manière douce et polie de refuser son crédit, ses offices et sa médiation à qui en a besoin.


30 (I)


Combien de gens vous étouffent de caresses dans le particulier, vous aiment et vous estiment, qui sont embarrassés de vous dans le public, et qui, au lever ou à la messe, évitent vos yeux et votre rencontre ! Il n’y a qu’un petit nombre de courtisans qui, par grandeur, ou par une confiance qu’ils ont d’eux-mêmes, osent honorer devant le monde le mérite qui est seul et dénué de grands établissements.


3I (IV)


Je vois un homme entouré et suivi ; mais il est en place. J’en vois un autre que tout le monde