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de ce qu’il doit savoir ; mais il a vu, dit-il, tout ce qu’on peut voir, et il n’aura point regret de mourir. Quelle perte alors pour toute la ville ! Qui dira après lui : « Le Cours est fermé, on ne s’y promène point ; le bourbier de Vincennes est desséché et relevé, on n’y versera plus » ? Qui annoncera un concert, un beau salut, un prestige de la Foire ? Qui vous avertira que Beaumavielle mourut hier ; que Rochois est enrhumée, et ne chantera de huit jours ? Qui connaîtra comme lui un bourgeois à ses armes et à ses livrées ? Qui dira : « Scapin porte des fleurs de lis », et qui en sera plus édifié ? Qui prononcera avec plus de vanité et d’emphase le nom d’une simple bourgeoise ? Qui sera mieux fourni de vaudevilles ? Qui prêtera aux femmes les Annales galantes et le Journal amoureux ? Qui saura comme lui chanter à table tout un dialogue de l’Opéra, et les fureurs de Roland dans une ruelle ? Enfin, puisqu’il y a à la ville comme ailleurs de fort sottes gens, des gens fades, oisifs, désoccupés, qui pourra aussi parfaitement leur convenir ?


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Théramène était riche et avait du mérite ; il