Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/434

Cette page n’a pas encore été corrigée

sur une même coterie : il y a toujours, dès la première année, des semences de division pour rompre dans celle qui doit suivre ; l’intérêt de la beauté, les incidents du jeu, l’extravagance des repas, qui, modestes au commencement, dégénèrent bientôt en pyramides de viandes et en banquets somptueux, dérangent la république, et lui portent enfin le coup mortel : il n’est en fort peu de temps non plus parlé de cette nation que des mouches de l’année passée.


5 (IV)


Il y a dans la ville la grande et la petite robe ; et la première se venge sur l’autre des dédains de la cour, et des petites humiliations qu’elle y essuie. De savoir quelles sont leurs limites, où la grande finit, et où la petite commence, ce n’est pas une chose facile. Il se trouve même un corps considérable qui refuse d’être du second ordre, et à qui l’on conteste le premier : il ne se rend pas néanmoins, il cherche au contraire, par la gravité et par la dépense, à s’égaler à la magistrature, ou ne lui cède qu’avec peine : on l’entend dire que la noblesse de son emploi, l’indépendance de sa profession, le talent de la parole et le mérite personnel balancent au moins les sacs de mille francs que le fils du partisan ou du banquier a su payer pour son office.


6 (V)


Vous moquez-vous de rêver en carrosse, ou peut-être de vous y reposer ? Vite, prenez votre