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hasard ou les jeux de la fortune. Il y a cent ans qu’on ne parlait point de ces familles, qu’elles n’étaient point : le ciel tout d’un coup s’ouvre en leur faveur ; les biens, les honneurs, les dignités fondent sur elles à plusieurs reprises ; elles nagent dans la prospérité. Eumolpe, l’un de ces hommes qui n’ont point de grands-pères, a eu un père du moins qui s’était élevé si haut, que tout ce qu’il a pu souhaiter pendant le cours d’une longue vie, ç’a été de l’atteindre ; et il l’a atteint. Etait-ce dans ces deux personnages éminence d’esprit, profonde capacité ? était-ce les conjonctures ? La fortune enfin ne leur rit plus ; elle se joue ailleurs, et traite leur postérité comme leurs ancêtres.


8I (IV)


La cause la plus immédiate de la ruine et de la déroute des personnes des deux conditions, de la robe et de l’épée, est que l’état seul, et non le bien, règle la dépense.


82 (IV)


Si vous n’avez rien oublié pour votre fortune, quel travail ! Si vous avez négligé la moindre chose, quel repentir !


83 (VI)


Giton a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes, l’oeil fixe et assuré, les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et délibérée. Il parle avec confiance ; il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit. Il déploie un ample mouchoir, et se mouche avec grand bruit ; il crache fort