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cet ouvrage incomparable ; et après que vous y aurez mis, Zénobie, la dernière main, quelqu’un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par les péages de vos rivières, achètera un jour à deniers comptants cette royale maison, pour l’embellir, et la rendre plus digne de lui et de sa fortune.


79 (IV)


Ce palais, ces meubles, ces jardins, ces belles eaux vous enchantent et vous font récrier d’une première vue sur une maison si délicieuse, et sur l’extrême bonheur du maître qui la possède. Il n’est plus ; il n’en a pas joui si agréablement ni si tranquillement que vous : il n’y a jamais eu un jour serein, ni une nuit tranquille ; il s’est noyé de dettes pour la porter à ce degré de beauté où elle vous ravit. Ses créanciers l’en ont chassé : il a tourné la tête, et il l’a regardée de loin une dernière fois ; et il est mort de saisissement.


80 (V)


L’on ne saurait s’empêcher de voir dans certaines familles ce qu’on appelle les caprices du